Première rencontre [Mya]

Il faisait encore jour mais il était temps pour Aodhán de se nourrir. Après avoir chassé le gibier et avoir installé son campement dans un coin tranquille et peu fréquenté de la forêt il avait mit le lapin capturé à cuir au dessus d'un feu. Après des années de pratique, presque toute sa vie, démarrer un feu était devenu un jeu d'enfant. Il avait les bons outils à disposition et la technique nécessaire. Une légère fumée s'échappa de la mousse séchée qu'il avait disposé au sol. Bientôt le feu prit et le lapin se mit à crépiter. Aodhán, installé près de la, occupé à nettoyer la peau du lapin pour n'en garder que la fourrure entendit un bruit un peu plus loin dans les fourrés. Il se ressaisit, releva la tête et tenta de trouver l'origine du bruit. Son couteau à la main et s'avança à pas de velour pour contrer l'ambuscade qu'il sentait proche.
Sous sa longue cape noire il surgit derrière le fourré et tomba nez à nez avec une jeune fille. Voyant qu'elle ne représentait aucun danger il baissa son poignard et accorda à l'intruse un léger sourire.

Merlin m'avait dit d'aller chercher des herbes pour faire des potions. Dire que j'étais une vraie bille en potions, en général, elles explosaient toutes. Pourtant, j'avais un contrôle sur l'eau sous tous ses états. Poussant un soupire, j'imaginais une fois de plus qui pouvaient être mes parents. Je m'imaginais étant un princesse dans un monde de magie. Oui j'ai le droit de rêver quand même. Je soupire un peu et je ramasse une fleur qui est bien pour faire des onguents. Je marche sur une brindille qui craque et j'entends du bruit qui se rapproche de moi. Puis un garçon arrive avec sa dague. Je porte ma main vers ma dague au cas où mais il cesse de me menacer et je soupire de soulagement.

-Bonjour, je suis désolée, je ramassais des herbes pour des soins... J'apprends à être médecin...

Je rougis, ce n'était pas totalement un mensonge, je rêvais de soigner les gens mais avec la magie ce serait tellement plus pratique et rapide.

Une femme médecin ? Etait-ce vraiment possible ? Il avait l'impression qu'elle se moquait de lui. Guerrisseuse tout au plus, mais médecin.... Aucun homme n'accepterais de se faire soigner par une femme et si elle persistait à vouloir devenir médecin on allait surement la traiter de sorcière. Peut-être que dans une époque plus lointaine les femmes pourraient enfin excercer ce métier sans craindre le bûcher.

Il regarda aux alentours, histoire de voir si cette jeune fille était seule ou non. A première vu il n'y avait personne d'autre.

- Ce n'est pas très prudent de se promener seule dans la forêt.

Macho ? Non, c'était juste la pensée de l'époque. Et puis même un homme seul risquait gros en se promenant seul en forêt. Aodhan lui faisait exception parce qu'il ne connaissait que ça, la forêt. Il en était une partie, comme un arbre supplémentaire.

Je le regarde. Il me disait que ce n'était pas prudent de se promener seule dans la forêt comme ça. Hum, mais il ne pouvait pas savoir que je n'étais jamais seule. Et puis, j'avais vécu assez longtemps dans cette forêt pour en connaitre ses dangers. Je me penche pour ramasser une fleur puis je la mets dans ma petite bourse. Merlin sera content, cette plante serait très utile, il la cherchait depuis si longtemps.

-Je ne suis jamais seule. Mon ami se cache, il n'aime pas trop les humains, je suis la seule humaine qu'il accepte de voir...

Je lui fais un sourire énigmatique et je remets une mèche de cheveux derrière mon oreille. Je l'observe, il n'est pas commun, il ne semble pas connaitre la vie en communauté, ou alors une communauté très réduite. Je fouille dans mon sac et en sort un lapin.

-tu dois avoir faim non? Je vais le cuisiner... Tu peux nous allumer un feu?

-Je ne suis jamais seule. Mon ami se cache, il n'aime pas trop les humains, je suis la seule humaine qu'il accepte de voir...

Un ami ? Il lança des regards alentour pour essayer de l'apercevoir, en vain. Lui aussi avait des personnes proches qui n'aimaient pas tellement les humains... Enfin plus qu'une seule personne proche à présent mais au lien bien plus fort qu'une simple amitié.
Elle lui montra ensuite un lapin.

- Mince, le lapin !

Avant qu'il ne l'entende il était occupé à faire cuir un lapin, derrière des fourrés, juste à côté d'ici. Il se précipita alors vite la bas. Ouf ! Rien de cramer et aucune bête sauvage pour avoir essayé de le lui piquer. Un coup de chance. Quoi qu'à en croire le petit trou au niveau de l'oeil, un oiseau était sans doute venu un peu le picorer entre temps, avant que la chaleur du feu en dessous ne le dérange. Il se tourna alors vers Mya qui l'avait suivit, suffisamment pour apercevoir elle aussi la scène.

- Je ne suis pas vraiment du genre à partager ma nourriture habituellement, mais si tu veux il y en a assez avec ce gros lapin la.

Il lui indiqua le lapin déjà sur le feu. Pas besoin donc de faire cuir celui de la demoiselle. Mais cette histoire d'ami dans les parages n'était pas pour le rassurer.